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Cela sidérera sans doute les amateurs de la mélasse R&B actuelle, mais il fut un temps, à l’aube des lointaines années 80, où la musique black était bonne. Prince Roger Nelson, de Minneapolis, pelote de frustrations en tous genres à lui tout seul, mais également génial chanteur-instrumentiste-arrangeur-etc., était son chantre. A cette époque, le petit homme commençait à imposer un style unique, mélange de funk torride et de pop chatoyante particulièrement inspiré, qu’il dispensa sur une demi-douzaine d’albums, merveilles éternelles à des années lumières de son seul rival Jackson et de ce qu’il fait subir à ses fans trahis et abasourdis depuis une bonne décennie. Mieux que le meilleur de Prince, les 17 titres de cette compilation supposée annihiler les deux précédentes (parues en 1993), sont l’œuvre, en condensé plutôt bien senti, du dernier vrai grand artiste du rock, l’ultime star majeure.
Depuis lui et son propre déclin (une sacrée crise d’identité), plus de salut. A n’en pas douter, le caractère insidieux de I Wanna Be Your Lover, la pompe hydraulique céleste de 1999, le funk mécanique (et sans basse) de When Doves Cry ou le coït caréné de Little Corvette étonneront encore les musicologues dans 2000 ans.
Les plus sceptiques d’entre eux s’interrogeront également pour savoir comment un faiseur aussi bouillant, mélodiste explosif et guitariste sans égal jusqu’en 1987, a pu décidé de transformer sont art en steak tartare, n’évoquant plus qu’épisodiquement, son génie d’antan.